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  • Photo du rédacteurParis d'Exil

En réaction à l'article du Parisien du 18/05


Le 18 mai 2017, le Parisien publiait dans ses colonnes un article initialement intitulé “Paris : les femmes chassées des rues dans le quartier Chapelle-Pajol” puis renommé le 19 mai en “Paris: des femmes victimes de harcèlement dans les rues du quartier Chapelle-Pajol”. Article ensuite repris par BFM, le Figaro, Valeurs Actuelles... Le 19 mai, une “marche des femmes contre l’obscurantisme” était organisée par Mme de Rozière, candidate LR aux élections législatives dans la 17ème circonscription de Paris, soutenue par Mme Pécresse. L’association Paris d’Exil, les collectifs et associations signataires, dénoncent avec la plus grande fermeté les insinuations xénophobes assimilant les personnes exilées du quartier Pajol-La Chapelle aux « dealers » et « vendeurs à la sauvette », eux-mêmes accusés sans preuve d’être responsables du « harcèlement » dont seraient victimes les femmes dans ce quartier, allant jusqu’à parler de « femmes chassées de tout un quartier parisien ». Cet article n’est basé sur aucun travail journalistique sérieux, et la déontologie est manifestement absente des préoccupations de la journaliste. Elle se borne à relayer le ressenti de quelques personnes, relate des faits divers épars comme il en existe malheureusement dans tous les quartiers, pour en tirer des conclusions générales. Où sont les éléments d’analyse ? Où sont les contre-champs ? Comment se fait-il que nous, soutiens des personnes exilées depuis deux ans, des femmes en majorité, de tous âges, arborant tous les styles vestimentaires, n’ayons pas davantage pâti du sexisme auprès des hommes exilés qu’auprès de n’importe quels autres hommes ? Nous pouvons en revanche témoigner de la violence faite aux personnes exilées, hommes et femmes, par l’absence de structures d’accueil et les incessantes interventions des forces de police. Devons-nous rappeler que les personnes exilées se trouvent dans ce quartier pour pouvoir retirer leur dossier de demande d’asile, qui selon la loi devrait leur être fourni dans les 72 heures suivant leur arrivée sur le territoire par l’Etat – par le biais de l’association France Terre d’Asile : ce délai est aujourd'hui de plusieurs semaines, du fait même du quota imposé par la Préfecture de Paris, sur ordre de l’Etat ; qu’en attendant, elles sont placées, de par l’incurie de l’Etat, en situation illégale ; que ce même Etat, par l’intermédiaire de la Préfecture de Police, en profite pour les harceler, les faire arrêter lors d’incessantes rafles sur la voie publique, et leur distribuer des OQTF qui compromettront leur demande d’asile. Personne ne souhaite un tel accueil pour les personnes exilées. Mais c'est l’Etat et l’Etat seul qui est responsable de cette situation, et c'est à l’Etat de mettre en place les moyens qui conviennent pour se montrer à la hauteur de la situation. Par ailleurs, nous sommes indigné.e.s par la récupération honteuse qui est faite de ce texte partisan et xénophobe se faisant passer pour un article de journal, par Madame de Rozière, candidate LR aux élections législatives pour les 18ème et 19ème arrondissements (17ème circonscription), soutenue par Madame Pécresse, présidente de la région Ile de France. Récupération d’une cause éminemment légitime, le harcèlement des femmes, phénomène sévissant dans tous les quartiers, tous les milieux, y compris le milieu politique d’ailleurs, pour alimenter une rhétorique raciste, xénophobe, qui renvoie dos à dos les « dangereux étrangers misogynes » et les « malheureuses femmes occidentales » obligées de se soumettre à on ne sait quelle invasion culturelle. C'est ignorer que la misogynie sévit dans toutes les cultures, et que la culture occidentale n’a certainement pas de leçons à donner aux autres, compte tenu du nombre de femmes qui meurent chaque jour en France sous les coups de leurs conjoints, des écarts de salaires, de la répartition des tâches ménagères, et autres symptômes d’inégalité et de domination. Madame de Rozière et Madame Pécresse n’ont-elles pas honte de reprendre la stratégie perverse de Madame Le Pen, consistant à instrumentaliser la cause noble, juste et légitime du féminisme, pour alimenter une rhétorique xénophobe ? Elles appelaient aujourd'hui à la Chapelle à « une grande marche des femmes contre l’obscurantisme ». En campagne électorale qui commence, Madame de Rozières et Madame Pécresse n’ont-elle rien trouvé de mieux que de faire les poubelles du FN ? N’ont-elle pas des sujets plus légitimes à évoquer ? Est-ce là ce qui leur tient lieu de programme ? Beaucoup de gens se demandent aujourd'hui que faire pour lutter contre la progression du FN. Mais ce n’est plus contre le FN qu’il faut lutter ! Il n’a plus rien à faire ! Ses idées immondes se sont répandues et légitimées dans de larges parts de la société française, comme l’illustre le grossier stratagème de cette candidate LR aux législatives : se faire passer pour une progressiste féministe, en nourrissant la haine entre des catégories de population toutes dominées. Lutter contre le FN, c'est dénoncer ce discours. Solidaires des personnes exilées, nous nous battrons avec détermination contre tout discours cherchant à faire passer ces dernières pour des agresseurs, alors que ce sont elles les victimes ! Victimes de la barbarie, des dictatures, de désastres économiques et climatiques ! Victimes de l’incurie de l’Etat et des violences policières ! Féministes, nous refusons catégoriquement que cette cause soit récupérée par des racistes et des xénophobes qui ne cherchent qu’à dresser les habitant.e.s de ce pays les un.e.s contre les autres.

Signataires : Paris d’Exil Attac 19/20 Ensemble !

Assemblée Citoyenne du 14ème

KÂLÎ

Collectif Austerlitz de soutien aux migrants

United Migrants

La Cimade IdF

CSP75

CISPM


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