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Rapport : les oubliés du droit d'asile


À Paris d'Exil nous rencontrons des femmes, des familles, des mineur·e·s isolé·e·s et des hommes, également concernées par les défaillances de l'accueil, l'illisibilité de l'accès aux droits, la violence des dispositifs de (non-)prise en charge :


M. a demandé l'asile pour sa fille car elle ne veut pas qu'elle souffre de l'excision comme elle. L'OFII* dit que le bébé est la demandeuse d'asile et qu'on ne peut pas donner une carte ADA** à son nom. L'office refuse donc à la mère et à l'enfant un toit et une allocation minimale. M. vit à la rue sous une tente avec son bébé et sans argent. Elle ignore qu'elle peut faire un référé et attaquer l'OFII. Lorsqu'elle est informée de ses droits par Paris d'Exil, le tribunal administratif lui dit que ce n'est pas urgent puisque depuis 6 mois elle se débrouille comme ça. L'affaire sera jugée deux ans plus tard, et M. gagne contre l'OFII. Entretemps elle a vécu dans la peur permanente de ne pas pouvoir nourrir son bébé.

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K. arrive en France en 2020. Il survit plusieurs mois à la rue, en pleine crise sanitaire. Il demande l'asile et est placé en procédure Dublin. Il est donc menacé d'expulsion en Suède, pays considéré comme responsable de sa demande d'asile. Il sait qu'un retour en Suède implique un risque d'expulsion en Afghanistan, où il est menacé de mort. Il est interpellé par la préfecture de Paris et placé en rétention. Après des tests PCR forcés (il risque une peine de prison s'il refuse) il est expulsé en Suède en avion privé depuis le Bourget. Par chance, il n'est pas placé en rétention à son arrivée à Stockholm. Il revient donc en France au début de l'année 2021.

Il dépose une nouvelle demande l'asile. Il est de nouveau placé en procédure Dublin. Du fait de son retour après expulsion, il n'a plus droit aux CMA***. Il se retrouve donc de nouveau à la rue et sans aucune ressource.

Il participe à une action du collectif Réquisitions dans l'espoir d'obtenir un hébergement. Face à la violence des policiers présents, il préfère partir et ne sera pas mis à l'abri. Il est terrorisé par la police et par la préfecture. S'il est expulsé en Suède une deuxième fois, il sera pour sûr renvoyé en Afghanistan. On ne passe pas deux fois à travers les mailles du filet. Il ne peut donc pas prendre le risque de retourner à la préfecture. Il est déclaré en fuite. Il ne pourra pas demander l'asile avant la fin de l'année 2022.

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* OFII : Office Français de l'Immigration et l'Intégration

** ADA : Allocation pour Demandeur d'Asile (entre 200 et 400€ par mois environ)

*** CMA : Conditions Matérielles d'Accueil (délivrées par l'OFII, les CMA comportent l'ADA, et parfois un hébergement dans un centre)

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