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  • Paris d'Exil

Une cartographie du non-accueil


Rendez-vous au Point Ephémère Lundi 11 Juin 2016 de 14h à 21h

Présentation de la carte traumatique des campements Parisien depuis Juin 2015

E. (comme Eugène), il adore découvrir les bibliothèques de Paris. Sa préférée, c’est celle de Stalingrad. Tous les livres sont là. Des concerts s’y organisent et des enfants s’y amusent souvent. De quoi apprendre le français, l’histoire de la guerre du Vietnam ou encore celle qui oppose l’Inde au Pakistan, en se sentant « comme chez soi ».

Y. (comme Yann), adore la pluie. D’où il vient, c’est gai et rafraichissant. Il se demande parfois s’il a bien fait de demander l’asile en France, mais l’ancien soldat se reprend vite, ce n’est pas comme s’il avait l’embarras du choix, son pays est à feu et à sang.

Autour d’une cartographie des campements parisiens, réalisée par plusieurs collectifs citoyens et associatifs, des exilé.e.s nous présentent leur Paris. Ils donnent à écouter la ville autrement, avec une oreille afghane, soudanaise, ivoirienne ou encore érythréenne. Du quai d’Austerlitz au marché de Barbès, du canal de l’Ourcq à la bibliothèque de Stalingrad, nous vous invitons à venir découvrir un autre Paris.

« N’est-ce vraiment pas possible de trouver un lieu où la vie aurait un autre sens que celui de ne pas mourir ? » Cette question, O. (comme Olivier), s’est surpris lui-même à se la poser.

Sourde violence que celle de l’absence d’accueil…

De La Chapelle à Austerlitz, de la place de La République à la Porte de Saint-Ouen, de la Porte de La Villette à Gare de l’Est, de Stalingrad au jardin d’Éole et de la halle Pajol au quai de Jemmapes, l’espace public parisien a vu se constituer des campements de rue, regroupant chacun une population d’hommes, adultes et mineurs, de femmes et d’enfants, de familles, allant de 100 à 1600 personnes. Éxilé.es, migrant.es, réfugié.es ou sans papiers, ils ont fui des conflits, des catastrophes économiques et/ou écologiques et ils « échouent » dans les rues de la capitale.

Le scénario est toujours le même: un campement se forme, des soutiens assurent une solidarité entre indifférence et harcèlement policier, dans l’attente (allant de 3 semaines à plusieurs mois suivant la visibilité du campement) d’une prise en charge par les pouvoirs publics. Chacune de ces « mises à l’abri », dont les autorités s’enorgueillissent à grand renfort de déclarations et de campagnes de communication, sont visiblement inefficaces à résorber le phénomène de campements de rue de plus en plus insalubres et restent à ce jour inadaptées et indignes d’une réponse politique à la hauteur de la situation.

Sur ces campements, les personnes ne doivent leur survie qu’à une poignée de soutiens, citoyennes et citoyens engagé.es, militant.es et bénévoles, ainsi que des membres d’associations et d’organisations solidaires et non gouvernementales. Cuisiniers ou blanchisseuses, professeur.es de français ou bien juristes … toutes et tous s’improvisent, investissent leur temps, leur argent et surtout leur humanité.

Sur ces campements de multiples initiatives émergent de cette rencontre fortuite entre une partie de la population parisienne et les migrant.es, avec un objectif commun, mettre en lumière «l’angle mort» d’une politique d’accueil qui n’en est pas une, malgré les effets d’annonce : débats, manifestations, ouvertures de dialogue avec les autorités en présence des personnes concernées, alertes médiatiques, mise en place de réseau d’hébergements solidaires, d’accompagnements solidaires, assemblées générales mixtes, mise en place d’une cuisine à l’usage des mignrant.es, stockages et lavages de tentes et de duvets afin d’éviter les gaspillages, information et médiation auprès des riverains, élaboration d’une welcome map à l’usage des primo arrivant.es, mis en place de cours de français, occupation de places publiques visibles ( Place de l’Hôtel de Ville, esplanade de Beaubourg … ), mis en place de partenariats avec des bibliothèques, des musées, des lieux culturels, réquisitions de deux bâtiments publics ( le lycée Jean Quarré et le Lycée Jean Jaurès) dans le but de mettre des hommes, des femmes et des enfants à l’abri mais aussi de faire entendre leurs revendications quant à leurs droits ( les papiers, la santé, le logement …).

L’annonce récente de Mme Hidalgo de doter Paris d’un camp humanitaire aux normes HCR (Haut-commissariat aux réfugiés) sur le modèle de Grande-Synthe, semble aller dans le sens de cette réponse humanitaire tant attendue sur le terrain.

Mais la Ville de Paris, pourra t-elle faire table rase, à grand coup de barrières, de plus d’un an d’une histoire « traumatique » qui s’est jouée dans ses rues, sur ses places, dans ses jardins, sur ses trottoirs, ses quais et dans un déni politique sans précédent ?

Ou bien pourrons-nous, ensemble, faire en sorte que tous ces récits accumulés dans l’espace public parisien deviennent source de réparation et d’élaboration d’un véritable espace commun?

C’est dans l’espoir de répondre à ces questions, que nous convions chacune et chacun, citoyen.es, opérateurs publics, élu.es, spécialistes de la ville et de l’immigration, humanistes et humanitaires, militant.es, bénévoles, passant.es … à pousser la porte du Point Éphémère le vendredi 08 juillet 2016 entre 18H et 20H, et à venir découvrir le paris des éxilé.es et partager cette autre réalité parisienne. Nous y dévoilerons « une carte traumatique de Paris » celle des campements et squats constitués autour des migrant.es, réfugié.es, et éxilé.es depuis juin 2015.

Pensée à partir d’un diagnostic issu du terrain, cette carte qui est en cours d’élaboration, a pour but d’ouvrir à la ville et à ses usagers d’autres récits possibles, par superposition de données, d’histoires, d’expériences et parfois d’absurdités vécues sur le terrain.

Elle tente de raconter la ville selon les migrant.es et les soutiens, usagers urbains invisibles à l’imaginaire venue d’ailleurs et à l’espoir chevillé aux corps.

En creux, elle espère poser les premières bases de ce que serait, vu d’ici, de la rue, « une ville refuge » coincées entre urgence humanitaire et développement urbain.

Projet à l’initiative des collectifs :

Collectif Parisien de Soutien aux Exilé-e-s

Collectif de soutiens 5ème/13ème aux migrnat.es du quai d’Austerlitz

Le BAAM

Collectif La Chapelle Debout


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