On se souvient des manifestations à Barcelone en février 2017 où les barcelonais·e·s clamaient qu'ils et elles souhaitaient accueillir les personnes exilées et s'insurgeaient contre l'attentisme du gouvernement.
Aujourd'hui, les chiffres continuent à être en complet décalage avec ces revendications populaires. Il faut dire que la situation des personnes exilées est bien différente en France et en Espagne. En 2015, l'Espagne n'avait reçu que 14 881 demandeur·se·s d'asile alors que la France en enregistrait 79 914. C'est que l'Espagne n'était même pas un pays de passage comparé à l'Italie... et par ailleurs, c'était probablement un pays où on ne prenait pas les empreintes des gens. La situation a totalement changé l'année dernière où 118 254 demandeur·se·s d'asile ont été enregistré·e·s (contre 55 749 en 2018). On imagine que de nombreuses personnes ne voulaient pas laisser leurs empreintes dans ce pays et rêvaient de choisir une autre destination... de fait, en Espagne, ce pays qu'on aime à penser plus ouvert que le nôtre, il est très difficile d'obtenir une protection.
En 2019, sur les 11 8354 personnes enregistrées, 62 398 ont vu leur demande étudiée suite à une première phase de tri très opaque : sur ces 62 398 personnes, 5% ont eu le statut de réfugié ou la protection subsidiaire (soit 3 156 personnes) et 64% (39 776) ont le statut "raisons humanitaires", statut nouvellement mis en place pour accueillir les vénézuélien·ne·s. En d'autres termes, 2,6% des 118 354 personnes demandant une protection ont eu le statut de réfugié ou la protection subsidiaire.
On aimerait en savoir plus sur cette première "sélection". On aimerait savoir aussi comment interpréter la mise en place de ce statut "raisons humanitaires": serait ce une forme d'immigration choisie, une manière de choisir officiellement des hispanophones chrétien·ne·s ? Et comment le chiffre d'acceptation peut-il être aussi bas ? Enfin que faire pour aider les personnes dubliné·e·s* que la France va expulser en Espagne... où ils et elles ne pourront pas obtenir l'asile et qui reviendront ici où on ne les accueillera pas non plus ? Pourquoi l'Espagne accepte-t-elle de reprendre sur son territoire les personnes qui y ont laissé leurs empreintes si elle leur ferme toute chance ? Pourquoi la France finance et organise ces expulsions aussi violentes qu'inutiles ? Faire du chiffre ?
À Paris, le vol favori de la préfecture semble être le vol du mardi après-midi pour Madrid.
*Personne condamnée à demander l'asile dans le pays européen où on a pris ses empreintes.
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